0

Dans ces sociétés de tradition orale, les femmes autochtones sont responsables de l’éducation et de la transmission de la langue. C’est un devoir culturel et identitaire. Leurs modèles d'apprentissage nous montrent le chemin vers la construction d’un monde fémnin pluriel.

 

Au Pérou, longtemps l’éducation scolaire fut proposée dans la langue du colon mais avec plus de cinq millions de natifs, le pays a été le premier à s’engager dans la voie de l'interculturalité et de la revitalisation des langues jusqu'à devenir un modèle. Les femmes, elles, y ont vu un facteur d'émancipation en particulier dans la communauté patriarcale shipibo, à l’est du pays, dans la jungle amazonienne. Lidia Gonzales Sanchez est une pionnière dans l'éducation bilingue. Elle a été la première à rédiger des manuels scolaires à partir de la culture shipibo. Aujourd’hui, pour la première fois depuis trente ans, elle revient dans son village natal Roaboya que l’on atteint après 8 heures de pirogue depuis la ville de Pucallpa . Aujourd’hui plus de 280 écoles utilisent sa méthode d’apprentissage, Lidia Gonzalez a formé toute une génération d'instituteurs bilingues qui se sont affranchies du système patriarcal et ont pu ainsi affirmer leurs droits.

 

Au Kenya, dans la communauté semi-nomade Samburu, la vie d’une petite fille se résume souvent à un dur labeur : parcourir une soixantaine de kilomètres par jour pour chercher du bois ou de l’eau et mener paître le bétail. Elle n’a pas le droit à la parole et doit aussi se soumettre à des traditions ancestrales. Leur éducation est quasi nulle. Pourtant elle est la clef de l'émancipation selon Jane Meriwas. Mauvaise bergère enfant, son père la juge inutile et la confie à la mission catholique. Elle ne reviendra dans sa communauté qu’après ses études universitaires pour servir la cause des femmes. Elle propose aujourd’hui des programmes d'autonomisation des femmes et soutient les jeunes filles en assurant les frais de scolarité. Ces jeunes filles nourrissent de grandes ambitions et rêvent d'être médecin ou professeur tout en conservant leur identité Samburu.

 

En Guyane française, les enfants amérindiens doivent suivre à la lettre les programmes de l’Éducation nationale. Aujourd'hui, faute de collège, les enfants doivent quitter leur village parfois dès l'âge de 11 ans pour aller à l'école sur le littoral : un changement brutal. Mais ces enfants n'ont pas suivi l'enseignement traditionnel, ils ne parlent pas bien leur langue et finissent rejetés par leur communauté, ce qui entraîne un taux de suicide bien supérieur à celui de la métropole. C'est pour ces jeunes en perte de repères que Ti’iwan Couchili, artiste des arts premiers intervient en milieu scolaire. Ces « Amers-indiens » luttent pour préserver leur identité au sein de la République et pour faire respecter leurs droits au même titre que les autres citoyens de la métropole.

 

En Sibérie, en 1892, ils étaient 300.000 à vivre sous la tente de cueillette, d’élevage de rennes et de chasse en Sibérie occidentale. Un siècle plus tard, ils ne sont plus que 3.500 Khantys à vivre comme leurs ancêtres. C'est un long combat de reconquête identitaire orchestrée par les femmes comme Marina Kakabova. Privée de sa culture, elle devient russophone. Après ses études, elle est nommée institutrice dans un internat à Kazym. Elle découvre alors que ces enfants khantys, coupés de leur famille, finissent par perdre leur identité. Elle crée des campements culturels d’été dans lesquels les enfants découvrent leur langue, leurs traditions; en somme leur identité khanty. Ils sont un remède au désespoir et à la sauvegarde de ce peuple encore opprimé et bafoué. Tant que l’herbe poussera sur la steppe, tant que les oiseaux feront leur nid au sommet des bouleaux, les Khantys résisteront.

 

Par leurs engagements, Lidia, Jane, Ti’iwan et Marina nous rappellent combien l'éducation est un droit et leurs cultures une richesse pour l’Humanité.

LA VOIX

DE L'ÉDUCATION

LIRE LA VIDÉO

LIRE LA VIDÉO

ACCUEIL  /  ACTUALITÉS  /  PRESSE  /  NEWSLETTER  /  CONTACT  /  PARTENAIRES

Avec le soutien de la Fondation CHANEL

Avec le soutien de la Fondation CHANEL