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C’est parce que les shipibos étaient encore discriminés et marginalisés en ville que Ketty Gonzalès, la nièce de Lidia, s’est engagée dans la sauvegarde de la langue à Pucallpa. Elle a 32 ans et incarne la nouvelle génération de professeur bilingue. Elle participe depuis 3 ans à un programme d’éducation expérimental au collège de San Francisco. Et, comme l’émigration en ville rime souvent avec abandon de la langue natale et de la culture, Kety anime aussi, depuis 2017, un programme radio quotidien en shipibo Axenon Ikanwe qui signifie « nous apprenons ensemble ». Y sont abordés des sujets sur la culture traditionnelle, mais aussi sur des sujets tabous comme l’introcision ou les mariages forcés. Depuis peu, elle a lancé un prix de poésie shipibo et prépare un e.dictionnaire. Toutes ces initiatives ont permis d’augmenter de plus de la moitié le nombre de personnes parlant le shipibo entre 2007 et 2017 soit plus de 30.000 individus.
Son histoire est une histoire permanente de lutte et de résistance. Seule fille au sein d’une fratrie de 12 frères, Diana Mori a grandi dans la jungle de Patria Nueva où il lui suffisait de monter aux arbres pour avoir de quoi manger. Capturée avec 3 de ses frères par les guérilleros du Sentier lumineux quand elle avait 14 ans, elle est la seule à en réchapper. C’est le début de sa prise de conscience : l'éducation est un facteur d’émancipation et de conquête des droits de la femme shipiba. Elle travaille dans un restaurant pour payer ses études et devient professeure de littérature, avant de participer à 22 ans à ses premières élections. Elle devient la première femme autochtone élue dans la région et représente aujourd’hui les peuples autochtones au gouvernement régional d'Ucayali.
Revendiquer une langue, c’est revendiquer une identité et résister à la globalisation culturelle. Aujourd’hui, le bilinguisme peut être un outil d'autodétermination des peuples autochtones et une arme d’émancipation des femmes.
Shipibo, la pelicula de nuestra memoria un film de J. Claire Odland et Fernando Valdivia Gómez , Production The Field Museum https://www.dailymotion.com/video/x2nqdt0
Les Shipibo, Trois Siècles d'Ethnocide. In : De l'Ethnocide. R. Jaulin éd., Paris, Union Générale d'Éditions, Collection 10/18, 177-187
Moi, j’aime la liberté. Transgression de la norme de genre en Amazonie amérindienne de Magdalena Helena Dziubinska aux éditions de l’Université Paris-Nanterre
Remerciements à Allianza Arkana et l’association Ariap qui favorisent les initiatives de revitalisation de la langue et de la culture Shipibo, à Nora Reategui de la communauté de Paoyhan et à Segundina Cumapa de l’université interculturelle d’Amazonie à Pucallpa.
Quand elle était enfant, ses parents lui ont interdit de dire qu’elle était shipiba par peur des moqueries. Toute sa jeunesse, elle a vécu dans la honte jusqu’au jour où, ne sachant plus qui elle était, elle a décidé de porter sa tenue traditionnelle et d’apprendre sa langue. Elle a suivi les cours de Lidia Gonzales à l’université Interculturelle d’Amazonie créée en 1999 par et pour les autochtones. Depuis, elle est devenue à son tour professeure bilingue dans les écoles primaires. Elle vient de retourner dans sa communauté pour que « les enfants puissent construire leurs propres connaissances à partir de leur langue et de leur culture ». Au delà, elle milite pour la reconnaissance des droits du peuple Shipibo.
Lidia Gonzales est originaire de Roaboya, un village de quelques centaines d’habitants, situé sur les berges de la rivière Ucayali au coeur de l'Amazonie péruvienne. Selon la tradition, elle ne poursuit pas ses études au delà de l’école primaire. À son époque, une jeune fille doit se marier et gérer sa maison. Mais elle décide de quitter sa communauté à l’âge 16 ans. Elle se rend en ville à Pucallpa et réalise l’importance du bilinguisme. Elle décide alors de consacrer sa vie à la sauvegarde de sa langue et devient, en 1973, la première femme professeure d’éducation primaire bilingue Shipibo - Espagnol. Dans les années 1990, elle participe à la réforme éducative interculturelle et crée des manuels scolaires à partir de la culture indigène. Aujourd’hui, plus de 280 écoles proposent aux enfants sa méthode d’apprentissage. Ils représentent l’avenir du peuple shipibo.
L’ONU et l’UNESCO ont proclamé 2019 l’année internationale des langues autochtones. Sur les 4.000 langues autochtones parlées dans le monde, près de 2.000 seraient menacées. Chaque fois que l’une d’elle disparaît, c’est toute une culture et une identité qui meurent. Avec plus de cinq millions de natifs indigènes, le Pérou est cité en exemple et inspire de nombreuses communautés dans le monde. Dans ce pays, depuis plusieurs décennies, une vice-ministre de l’interculturalité mène une politique de revitalisation des langues et de la culture des communautés, que ce soit à travers des radios communautaires, des ateliers intergénérationnels ou des journaux à la télévision publique.
Parmi les 47 langues autochtones péruviennes, la langue shipibo est parlée à l’est du pays, dans la jungle amazonienne par plus de 30.000 locuteurs.
Se définir shipibo, c’est se définir par sa langue. Ils appellent leur langue, tout comme leur peuple « Jonikon », soit la « vraie langue » ou « la langue par excellence ».
C’est pourquoi, plus qu’un apprentissage, elle fait partie intégrante du réveil indigène après des siècles de castillanisation, la langue du colon, l’espagnol.
Cette revitalisation de la langue a été élaborée par les femmes, qui y ont vu une forme d’émancipation dans une société Shipibo très patriarcale.
MILLIONS DE NATIFS
SHIPIBO :
LOCUTEURS DANS LA PROVINCE D'UCAYALI
ANNÉES 1990 :
2005 :
RÉFORME SCOLAIRE D'ÉDUCATION BILINGUE
LOI SUR LE BILINGUISME
PÉROU :
DONT
MILLIONS D'HABITANTS,
1975 :
2003 :
PREMIÈRE LOI SUR L'ÉDUCATION ET PREMIÈRES ÉCOLES BILINGUES
LOI DE PROMOTION DES LANGUES
AUTOCHTONES
LANGUES INDIGÈNES
VOIR LE PORTRAIT DE LIDIA GONZALES
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LE REFUS DE LA DISCRIMINATION
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