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Elles ont le regard fixe. Le visage barré de peinture au niveau des yeux. Coiffées de couronnes de plumes bleues, jaunes et noires, elles se lèvent pour condamner publiquement l’Équateur et les exploitations pétrolières qui détruisent l’Amazonie. Ces femmes de combat, originaires de 7 communautés de la province de Pastaza se sont regroupées depuis 2013 au sein d’un collectif Mujeres Amazonica defensoras de la Selva, dirigé par Patricia Gualinga. Elle défendent un art de la résistance au féminin, composé de transparence, d’intuition et d’un langage de vérité. Mais, selon un rapport d’Amnesty International publié en 2019, elles sont aussi victimes de menaces et d’agressions quotidiennes et risquent leur vie pour protéger l’Amazonie. Un danger que le gouvernement équatorien semble négliger.
Quand, en 2016, le président Rafael Correa les a surnommés «les terroristes environnementaux opposés au développement de la nation», la réplique ne s’est pas fait attendre. C’est par le Web que les kichwas ont répondu. Et qui dit Internet, dit Facebook, Twitter, YouTube : un outil de plus dans la résistance de Sarayaku.
Et, malgré les soubresauts de la connexion, ils sont une dizaine, chaque jour, à se presser à la cyber-cahute dotée d’ordinateurs pour poster des photos ou alimenter la page Facebook « Sarayaku, defensores de la Selva ». Samai, fille du leader historique José Gualinga et de Sabine Bouchat, dirige aujourd’hui le service communication de la communauté. Elle entend bien jouer, à son tour, un rôle de résistante avec de nouveaux outils comme la radio, Instagram et le dessin animé pour raconter l’histoire de son peuple, de sa lutte et son avenir.
Aujourd’hui, la reconnaissance des droits de la nature est en cours. Déjà, des fleuves comme le Gange en Inde, ou des forêts comme l’Amazonie Colombienne, deviennent des sujets de droit par décisions judiciaires ou politiques.
Mais certains juristes veulent aller plus loin et militent pour faire reconnaître, dans le droit international, le crime d'écocide, au même titre que le crime contre l’Humanité.
Un arsenal juridique pour répondre aux catastrophes écologiques .
"Amazone" de Patrick Bard et Marie-Berthe Ferrer aux Éditions du Seuil
“Sortir de la longue nuit” de Patrick Bard et Marie-Berthe Ferrer aux Édtions Albin Michel
“Les Perruches du Soleil” de Jacques Dochamps aux Éditions First
“Le Chant de la Fleur” un film de Jacques Dochamps et José Gualinga produit par Iota Production http://www.iotaproduction.com
“Los Guerreros kichwa y el petróleo” un film de Holder Riedel produit par Canal arte/geo-TV 2005 https://player.vimeo.com/video/143902253
“The living forest” un film de Marc Silver produit par Caroline Bennett https://www.marcsilver.net/projects/living-forest.php
Une quête de la vérité sur la route des larmes
C'est à l’hôtel Bonaventure de Montréal qu'ont eu lieu les premières auditions de la commission d’enquête. Fanny Wylde retrouve Cheryl, de la communauté Mohawk, sidérée par le désintérêt de la police pour la recherche de sa sœur après le signalement de sa disparition. Carleen, mère de trois enfants, sera retrouvée par hasard par un chasseur, sept semaines plus tard, à deux kilomètres de chez elle. Morte. Elle s'est suicidée. Cheryl s’interroge encore sur une forme de racisme, l’apathie politique et l’indifférence des médias qui font passer ces crimes pour de simple faits divers. Pour Cheryl et pour toutes les autres familles de victimes, la commission d’enquête offre une lueur d’espoir et de justice.
Cristina Gualinga est la tante de Patricia. Longtemps, elle fut professeure de kichwa et de savoir traditionnel dans la communauté. Elle fait partie de la première génération de résistantes. Elle se souvient que, depuis 1996, c’est toujours au petit matin en buvant de la Wayusa, une boisson à base de plantes, censée vous donner de l’énergie et vous purifier, qu’elles et ses soeurs ont imaginé toutes les stratégies pour réclamer leurs droits et faire fuir les intrus. Mais elles n’auraient jamais imaginé qu’un jour elles désarmeraient les militaires et chasseraient les pétroliers de leur territoire. S’ensuivront une série d'intimidations et de menaces de destruction de la cohésion sociale au sein de la communauté. Mais par cet acte, elles ont montré leur détermination et ont illustré avec la seule arme des mots la légende selon laquelle « le peuple du Midi sera le dernier à résister ».
Aucune route ne mène à Sarayaku . C’est en pirogue que l’on accède à ce village sur les rives du Bobonaza et c’est dans une case en bambou recouverte d‘un toit de palmes que Patricia Gualinga est née et a grandi. Fille de Don Sabino, le Chaman de la communauté, ce n’est qu’en 2002, le jour où 600 militaires et 400 ouvriers ont débarqué sans prévenir avec hélicoptères, chiens et explosifs pour mener à bien des explorations sismiques, que sa vie bascule. Sa décision est prise. Ce sera non. Patricia devient une «Saramanta Warmikuna», une messagère de la lutte amazonienne et l’ambassadrice des droits de la nature. Déterminée, Patricia Gualinga l’est mais regrette d’être toujours sur la défensive. Elle a reçu en mai 2019 le prix de l’activisme environnemental, lors du Festival International du film environnemental aux Canaries.
L’Équateur est le premier pays à avoir inscrit les droits de la nature, en 2008, dans sa constitution, alors même que 40 % de son PIB et près de 60 % de ses exportations proviennent des hydrocarbures, principalement situés en Amazonie .
Mais « Exploiter tout en préservant » semble être la devise de ce gouvernement qui, en juillet 2018, a lancé un plan de bioéconomie durable.
Le même mois, les indiens kichwas de Sarayaku déposaient à Quito la déclaration de la Selva vivante et demandaient son inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco. Selon leur cosmogonie, la terre, le cosmos, les êtres humains, les animaux, la flore, les pierres, les montagnes, les lacs, forment un tout. Dans ce tout, il y aussi les êtres vivants de la forêt qui sont invisibles. C’est pourquoi la forêt doit être protégée, au même titre que les êtres humains.
Cette proposition est le fruit d’une longue histoire de résistance ou de lutte.
Dès 1992, ces 1.200 indiens se sont levés pour arracher leurs droits à la terre, soit 135.000 hectares de forêt primaire. Mais en 1996, le gouvernement accorde une concession d’exploitation pétrolière à la compagnie argentine CGC sur le territoire de Sarayaku. Ce peuple de chasseurs, pêcheurs et agriculteurs entre alors en résistance. Et en 2012, la Cour Interaméricaine des droits humains condamne l’État équatorien à leur verser 1, 4 million de dollars pour non-respect du droit à la consultation préalable, en cas d’exploitation pétrolière. Une victoire sans précédent.
Aujourd’hui, les Sarayakus se consacrent à promouvoir le Sumak Kawsay, le bien-vivre en harmonie. Cette philosophie de vie guide la communauté et a valeur d’exemple dans le monde. Ils entendent aussi proposer une alternative pour réduire les conséquences du réchauffement climatique.
DE SON PIB ET PRÈS DE
DES 16,8 MILLIONS D'ÉQUATORIENS
DES EXPORTATIONS PROVIENNENT DES HYDROCARBURES
APPARTIENNENT À DES MINORITÉS ETHNIQUES
ÉQUATEUR :
ÉQUATEUR :
L'AMAZONIE ÉQUATORIENNE EST DÉCOUPÉE EN
BLOCS PÉTROLIERS, DONT
SONT EN EXPLOITATION
2008 : INSCRIPTION DES DROITS DE LA NATURE ET DE LA RECONNAISSANCE DE LA SOUVERAINETÉ DES PEUPLES AUTOCHTONES
SARAYAKU EST L'UNE DES
POPULATION :
KICHWAS
NATIONS INDIGÈNES
TERRITOIRE :
HA
AU COEUR DE LA PROVINCE DE PASTAZA EN AMAZONIE
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VOIR LE PORTRAIT DE PATRICIA GUALINGA
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UN COMBAT COLLECTIF FÉMININ
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LES PREMIÈRES RÉSISTANTES
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PATRICIA GUALINGA
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